Deuxième période suisse (1999/2010)
Vers la fin du siècle, la peinture de Roosevelt se détache un peu des obsessions surréalistes jusqu’à alors omniprésentes pour se donner à une représentation plus centrée sur le corps humain, déliant celui-ci de son rôle de lieu d’accueil des tourments de la psyché. Le corps devient alors le sujet en soi, le prétexte esthétique par excellence. Sans perdre de vue une certaine logique fantastique – les compositions de l’artiste n’ont jamais flirté avec le naturalisme – ce sont désormais les effets que la lumière peut engendrer sur la chair qui servent de justification pour sa peinture. Les couleurs s’illuminent et les ambiances, plus sereines, attestent d’une sorte d’équilibre intérieur grandissant.
Roosevelt se donne aussi, dans cette période, à des jeux plus intellectuels, si l’on peut ainsi dire. Il aborde, à certaines occasions, le concept du tableau comme objet, comme s’il proposait au spectateur un choix entre la réalité subjective suggérée par le sujet et celle, terre-à-terre, de la toile où le sujet a été fixé: on verra ainsi, par exemple, une déchirure en trompe-l’oeil sur une composition hyper-réaliste, ce qui souligne la juxtaposition des deux « vérités » de l’oeuvre.
Son pinceau court plus librement, frôlant parfois l’abstrait, transformant ce qui devrait constituer le décor d’une composition classique en une peinture non-objective. Les contours s’estompent – le souci maniaque du détail, à la manière des primitifs flamands, cède à une expression plus légère et dynamique.
Les changements apportés dans cette période accompagnent l’avénement de la bande dessinée dans l’activité créatrice de Roosevelt. En effet, depuis 2000, ce mode d’expression fait partie du quotidien de l’artiste, qui publie en moyenne un nouveau titre chaque année.